Georges Bertin, un chevalier entre ciel et terre


Georges Bertin, un chevalier entre ciel et terre

Georges Bertin s’est éteint le 2 février 2022, à l’âge de 73 ans.

Docteur en sciences de l’éducation (1989) et habilité à diriger des recherches en sociologie (1999), membre du CRI2i fondé par Corin Braga, Philippe Walter et Jean-Jacques Wunenburger, il était une figure marquante de la socio-anthropologie de l’imaginaire.

Parmi les fonctions qu’il exerça, il fut directeur de recherche au CNAM Pays-de-la-Loire, où il organisa de nombreux colloques, directeur exécutif de la revue internationale Esprit critique durant une dizaine d’années puis co-directeur du CERII, à Épinal. Influencé notamment par les pensées de Carl Gustav Jung, Wilhelm Reich et Gilbert Durand, ce passionné d’herméneutique s’intéressa tout particulièrement aux images archétypiques, aux dispositifs symboliques, aux mythes et aux rites. Auteur d’une multitude d’articles et d’ouvrages, il publia sur des sujets aussi variés que la chevalerie, la légende arthurienne et la culture druidique, les utopies et la franc-maçonnerie, la transculturalité, le Nouvel Âge et les apparitions fantomatiques.

Georges Bertin était à la fois un chercheur et un cherchant. Alors que beaucoup se croient obligés de choisir entre voie scientifique et démarche spirituelle, cet humaniste concevait les deux approches comme complémentaires l’une de l’autre. Lumières de la raison et lumières de l’esprit, savoir et connaissance, « muthos » et « logos », enrichissaient mutuellement son existence, qu’il avait choisi de passer à Angers.

On comprend dès lors que parallèlement à la réalisation de travaux universitaires, Georges Bertin ait poursuivi un parcours initiatique qui s’exprima de diverses manières : cheminement maçonnique (d’abord au sein de la Grande loge de France puis dans une loge libre), pèlerinage à Compostelle, engagement au sein de la Société arthurienne internationale… Animé d’une véritable libido sciendi et résolument inscrit dans une quête de sens, il n’a cessé de chercher la parole perdue, de reconstituer l’unité d’un principe originel derrière des manifestations plurielles, de vouloir retrouver une forme de sagesse oubliée à travers des traditions ancestrales qui en portent encore les traces et en livrent des bribes éparses qu’il incombe à l’homme moderne de rassembler. À cet égard, ses écrits sur le Graal sont le reflet des préoccupations qui furent les siennes tout au long de sa vie.

Ses collègues, ses amis et sa famille se souviendront de lui comme d’un être généreux et extrêmement sociable, enthousiaste, courageux et plein d’humour. Il était curieux de tout et aimait les gens. Mais c’était surtout un chevalier Kadosch épris de justice, un homme droit aux convictions inébranlables, tourné tant vers les combats du monde terrestre que vers les idéaux de la cité céleste, sa patrie, qu’il a rejointe enfin.

Céline Bryon-Portet
Professeur des universités en sociologie
Université Paul Valéry – Montpellier 3

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